Auteur/autrice : Hadrien Jacobée

Quelles étaient vos activités chez Tournaire ?

 

Je suis entré chez Tournaire le 15 déc 1959 comme Dessinateur. Après avoir partagé une année entre la division Equipement et la division Emballage, je suis passé à plein temps sur les emballages pour terminer, le 1^ier janvier 2000 Responsable de Développement Industriel. J’ai travaillé plus de 40 ans chez Tournaire.

Cette activité consistait à :

1. Améliorer sans cesse la qualité des produits existants ;
2. Etudier la faisabilité et concevoir de nouveaux modèles ou formats de contenants, des nouveaux systèmes de fermetures ;
3. L’étude, la conception et la fabrication des outillages et machines nécessaires à la production.

 

A quelles innovations avez-vous participé ?

 

Pratiquement toutes les innovations de l’outil de production et des produits sont passées par mon équipe et moi. Par exemple, dans les années 60, nous avons développé l’outil de production grâce à des nouvelles machines à repousser automatiques, ou pour le filage / extrusion, la conification, l’emboutissage et le lavage des bidons en aluminium.

Dans les années 70 une des grandes innovations a été le Système Plus dont le principe consistait, à partir d’un même col de bidon, d’adapter différentes fermetures de sécurité en aluminium ou en plastique.

Dans les années 80 nous avons intégré l’injection plastique des accessoires de fermeture et intégré le procédé de la coextrusion des bidons en plastique multicouches.

Dans les années 90 la mise en place de l’assurance qualité ISO.

 

 

Toutes vos recherches et innovations avaient pour objectifs de répondre à quel(s)besoin(s) des clients ?

 

Nos objectifs étaient en permanence :

1. L’amélioration de la qualité des performances des bidons en aluminium ou en plastique. C’est-à-dire : leur étanchéité, propreté, esthétique, la sécurité pour le transport des matières dangereuses, leur résistance à la chute et leur inviolabilité.
2. L’accroissement de la productivité : réduire le volume des rebuts, améliorer les cadences au travers des outils, créer de nouvelles machines ou process.
3. Répondre à des demandes spécifiques pour des modèles demandés par des clients ou pour des pièces techniques particulières pour l’aéronautique, la marine, et l’armement.

 

Quelle est l’innovation ou l’emballage dont vous êtes le plus fier et pourquoi ?

 

Les bidons en aluminium de 23L et 60L Ø 380 pour un client dans le secteur de la santé qui souhaitait protéger et transporter des antibiotiques. Cela nous a obligé à réaliser plusieurs “exploits techniques” dans la mise en forme de l’aluminium.

Mais je suis aussi très fier d’avoir participé au développement du bidon plastique multicouche.

Identifiée par les commerciaux, c’était une diversification nécessaire pour la clientèle du secteur des phytosanitaires qui commençait à utiliser des emballages en plastique. Mais les produits phytosanitaires contiennent des produits sensibles à l’oxygène ou traversent le polyéthylène. Nous avons étudié plusieurs techniques et matériaux “barrières” pour rendre l’emballage véritablement étanche.

Au final, la technique du bidon multicouches a été retenue car elle permettra de répondre à l’évolution des compositions et d’adapter la couche barrière aux types de produits à protéger et transporter.

 

Pourquoi Tournaire a décidé de créer le 1^er bidon en aluminium ?

 

Tournaire spécialiste à l’origine (1833) de la construction d’appareils d’extraction de matières premières naturelles a rapidement répondu à une demande de contenants pour transporter des produits du type : huiles essentielles, absolues et autres matières premières pour la parfumerie. C’est le cuivre qui a d’abord été utilisé, étamé à l’intérieur et assemblé en plusieurs pièces soudées (qui a donné la dénomination d’Estagnon) *, puis, nous avons dans les années trente, choisi l’aluminium pour des facilités de transformation, de neutralité et de coûts.

 

En quoi, pour vous, le savoir-faire de Tournaire est unique ?

 

C’est un ensemble, l’étendue de la gamme en nombre de modèles de fermetures et de capacités de 15 cc à 32 L, la qualité de l’étanchéité, le choix de modèles pour les différentes industries chimiques et produits en poudre ou liquide, l’évolution technique permanente et la réponse rapide à la demande.

 

Avez-vous remarqué si vos produits étaient copiés ?

 

Nos produits sont effectivement copiés, dans les pays Asiatiques et l’Inde en particulier mais je ne pense pas qu’ils aient atteints la qualité de Tournaire pour les performances d’étanchéité des bidons. Et c’est tant mieux.

(Une anecdote, j’ai eu en main un modèle copié où ils avaient reproduit sur le fond le sigle Tournaire et le pictogramme correspondant au N° de série pour la traçabilité).

 

Une phrase de conclusion ?

 

Oui, 40 années passées chez Tournaire ont été 40 années de passion.

 

 

Georges Ramozzi

Ancien responsable du développement industriel chez Tournaire

 

*Estagnon : Récipient cylindrique en étain, en cuivre ou fer étamé, souvent clissé, utilisé dans le Midi pour contenir les huiles, les essences aromatiques.

 

Depuis 1833, Tournaire suit une croissance régulière en majorité à l’international quels sont vos projets de développement en 2018 ?

 

Cette année, Tournaire décide de s’implanter en Asie-Pacifique, en s’établissant physiquement au Vietnam, avec la création d’un dépôt, pour sa nouvelle filiale logistique et commerciale qui sera dirigée par Romain Leclef, qui est déjà présent depuis 5 ans dans ce pays.

Nous avons choisi le Vietnam comme base, pour pouvoir servir l’ensemble de la zone Asie-Pacifique.

 

Tournaire est déjà présent dans plus de 70 pays, pourquoi avoir choisi de vous implanter en Asie Pacifique ?

 

Cette implantation pour Tournaire, c’est un bureau et un stock, avec une volonté de développer une équipe commerciale qui couvre toute la zone Asie-Pacifique et d’avoir un stock pour pouvoir servir rapidement et essentiellement le marché de la parfumerie qui est très éclaté et qui nécessite un service de proximité qu’aujourd’hui nous avons du mal à assurer depuis la France.

 

 

Pourquoi avoir choisi le Vietnam ?

 

Le Vietnam présente l’avantage d’avoir une position très centrale dans la zone que nous souhaitons couvrir, nous y avons trouvé également un fort développement des infrastructures portuaires (et la possibilité de trouver une implantation proche de ses infrastructures) et je dirais des conditions d’accueil assez favorables.

 

Cette implantation sera-t-elle aussi une antenne commerciale pour la division équipement et emballage ?

 

Elle servira bien sûr de relai pour la division équipement et de je dirais de détection, d’opportunités d’affaires, pour la division Equipement.

Il est bien évident que les prestations que fournit notre division équipement sont des prestations d’ingénierie d’un haut niveau, nous n’aurons pas sur place les ingénieurs pour pouvoir fournir la prestation mais ça sera une antenne commerciale qui devra couvrir aussi bien les besoins en emballages que les besoins en équipements de toutes les professions qui travaillent les matières sensibles.

 

 

En quoi cette implantation au Vietnam vous différencie-t-elle de vos concurrents ?

 

Nous avons actuellement des concurrents qui sont locaux, qui servent les mêmes marchés que Tournaire mais avec des produits d’une qualité différente (dirons-nous), notre volonté est de mieux comprendre les marchés, d’être plus proches pour pouvoir proposer à ces marchés des produits qui correspondent exactement à leurs besoins.  

 

Avez-vous l’intention de développer une unité de production des emballages au Vietnam ?

 

Alors, dans un premier temps, ce n’est pas le sujet, aujourd’hui nous considérons que cette région du monde représente 10% de nos ventes, notre objectif et notre ambition est de doubler même, à terme de tripler. Il est évident que lorsque cet objectif sera atteint nous aurons besoin de capacité de production supplémentaire et à ce moment-là, la logique voudrait que nous fabriquions sur place. Mais sur les années à venir, nos investissements sont en France.

 

 

Avez-vous déjà d’importants clients en Asie ?

 

Nous avons un grand nombre de clients qui sont des clients réguliers et certains depuis de longues années, bien sûr un marché comme la Chine est en plein développement mais nos principaux clients aujourd’hui restent encore les grandes sociétés européennes.

 

Après l’Europe, les États-Unis et maintenant l’Asie, avez-vous d’autres projets ?

 

Aujourd’hui la feuille de route de Tournaire nous conduit à envisager dans le futur une implantation en Amérique du Sud, c’est un secteur d’en on parle depuis longtemps, c’est une région du monde qui se développe. Pour la servir aussi bien que nous servons aujourd’hui notre clientèle Nord-Américaine, nous pensons que dans la prochaine décennie il faudra installer une filiale en Amérique du Sud.

 

Luc Tournaire

Président du Directoire de Tournaire

 

Article Adhérents : Le groupe Tournaire – pôle de compétitivité

“Fondé en 1833, Tournaire est né avec les premiers distillateurs de plantes de Grasse. Chaudronniers à l’origine, fabricants d’estagnons et d’alambics en cuivre, Tournaire a développé son savoir-faire avec l’évolution de la parfumerie et en fonction de ses besoins spécifiques…”

Les collaborateurs de Tournaire partagent, depuis l’origine, une même vision : vos produits d’excellence nécessitent un traitement et une protection d’excellence.

Pour répondre aux spécificités et aux contraintes uniques de chacun de ses clients, Tournaire dispose au sein de son activité d’un département recherche et développement, Les experts du Groupe Tournaire conçoivent, imaginent, testent et vérifient toutes les solutions techniques possibles pour ne retenir que les meilleures, dans le strict respect des normes en vigueur sur chacun de ses marchés et pour chacun des secteurs que Tournaire sert.

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